Pour en finir avec l’andropause
Vos performances sexuelles ne sont plus ce qu’elles étaient ? Vous avez plus de 50 ans ? Alors méfiance, l’andropause vous guette peut être. Peu connue, cette maladie était au cœur des débats du congrès mondial de sexologie qui s’est tenu la semaine dernière à Paris. Contrairement à la ménopause, qui touche toutes les femmes, l’andropause ne concerne que 5 à 10% des hommes. « Pour affirmer le diagnostic d’andropause, il faut que le taux de testostérone sanguine soit inférieur à 4 ng/ml. Sinon, on parle de vieillissement prématuré », rapporte le Dr Pierre Costa, urologue à Nîmes.
Le grand coupable serait donc la testostérone. Il est vrai, que le moindre défaut en cette hormone mâle sécrétée par les testicules ne fait généralement pas de cadeaux : nombre de rapports à la baisse, diminution du nombre d’érections nocturnes spontanées, faible volume de sperme éjaculé … Le tout accompagné de bouffées de chaleur, de sueurs et de certains troubles psychiques : difficulté à la concentration, perte de mémoire, dépression, anxiété, et fatigue.
Si le tableau de l’andropause est peu rassurant, il n’est pas une fatalité.
«Le but du traitement de l’andropause consiste à restaurer l’activité hormonale défaillante », enchaîne le Dr Costa. Pour ce faire, l’administration de testostérone est primordiale ».
Cette hormone existe actuellement sous plusieurs formes, comprimés - gélules – injections, mais elles sont loin d’avoir la même efficacité. Alors que les comprimés et les gélules sont des traitements simples à prendre, inconvénient majeur - ils entraînent une augmentation de testostérone insuffisante. La forme injectable est quant à elle plus efficace, mais son utilisation est contraignante, nécessitant le recours à une injection toutes les 2 à 3 semaines.

La mise au point de patchs a suscité dernièrement beaucoup d’espoirs. En dépit de leur efficacité, l’enthousiasme est cependant vite retombé car en pratique, ils se sont révélés difficiles à supporter. « Très volumineux, ils ont tendance à tomber spontanément. En outre, ils provoquent souvent une irritation importante de la peau, explique le Dr Jean-Marc Rigot, urologue à Lille.C’est pourquoi une autre forme de testostérone, un gel qui s’applique directement sur la peau a été étudié », poursuit le spécialiste.
Non gras, incolore et inodore, il sèche rapidement. Il améliore l’humeur et le bien-être. D’autre part, son utilisation a entraîné une érection ayant abouti à la pénétration chez 55 à 68% des hommes traités. Déjà commercialisé aux Etats-Unis et en Suisse, il devrait être disponible en France d’ici à 2002, avancent certains.

En plus de cette nouvelle forme de testostérone particulièrement prometteuse, d’autres médicaments sont aussi utilisés pour corriger l’andropause. C’est le cas par exemple de certaines hormones appelées gonadotrophines chorioniques. Sécrétées par le placenta, elles sont abondamment produites par l’urine des femmes enceintes. Elles ont la capacité de stimuler l’activité des testicules, qui peuvent parfois « redémarrer » spontanément. Bien des médecins commencent donc par utiliser ces hormones d’emblée, quitte à passer dans un second temps à la testostérone, si elles s’avèrent inefficaces. D’autres hormones sont quant à elles employées en traitement d’appoint, associées à la testostérone. Il s’agit notamment de l’hormone de croissance, dont la propriété est de restaurer les stocks de protéines détruits pendant la journée, ce qui aide au maintien de la musculature du sujet qui prend de l’âge.

Egalement sur la sellette : la DHEA. La concentration de cette hormone masculine diminuant progressivement à partir de l’âge de 45 ans, il était naturel de se demander si la DHEA ne pouvait pas « redonner un coup de jeunesse à l’homme vieillissant ». Selon le Pr Jean Belaïsch, endocrinologue et gynécologue, auteur du livre « Questions d’hommes » aux Editions Odile Jacob, « les hommes qui l’ont reçue se sentiraient mieux, leur sommeil serait de meilleure qualité et ils réagiraient plus favorablement au stress. Par contre, la DHEA ne semble pas avoir d’efficacité sur les défaillances sexuelles ».
Clairement « l’andropause est une pathologie en pleine évolution, dont le traitement s’affine », conclut le Dr Costa. De nombreuses questions restent toutefois en suspens. Tout d’abord, quels sont les hommes qu’il faut traiter ? Ceux dont le diagnostic d’andropause a été confirmé par la biologie, c’est à dire ceux qui ont vraiment une carence avérée en testostérone ? Ou bien ceux qui se plaignent de ne pouvoir plus fonctionner correctement, malgré un taux de testostérone normale, c’est à dire les sujets qui souffrent en fait d’un vieillissement prématuré ? ». Autre énigme : la durée du traitement. Faut-il traiter jusqu’à ce que les signes d’insuffisance en testostérone disparaissent ou à vie ? Et quels doivent être les critères utilisés pour surveiller le traitement ?
La défaillance sexuelle masculine recèle encore bien des mystères ...

Troubles sexuels et maladies de la prostate: deux types de pathologies liées à l’âge
D’abord, il faut citer le lien entre andropause et hypertrophie de la prostate. Cette maladie bénigne est caractérisée par la présence d’une prostate qui a grossi avec l’âge. Elle comprime la vessie, provoquant de ce fait d’impérieux besoins d’uriner, même la nuit. Cette maladie est retrouvée chez 20% des hommes âgés de 50 à 60 ans, 40% de ceux de 60 à 70 ans et 50% des sujets masculins âgés de plus de 70 ans. Autre lien, celui existant entre andropause et cancer de la prostate. Celui-ci touche 30% des hommes de plus de 50 ans, pour lesquels un diagnostic d’andropause a été posé.