Le sélénium

Oligo-élément d'une importance fondamentale pour la santé, le sélénium est la pierre angulaire de la protection de nos cellules contre le stress oxydant. Qualifié ainsi, avant tout, d'oligo-élément "antivieillissement", il montre ses bénéfices dans de nombreuses maladies.

Le sélénium entre dans la chaîne alimentaire par les plantes qui le captent dans le sol où il est inégalement réparti. Et quand le sol est pauvre, les populations sont caren­cées... C'est il y a une trentaine d'an­nées seulement que des chercheurs ont établi la relation entre le nombre élevé d'atteintes graves du muscle cardiaque (maladie de Keshan) dans une région de Chine où le sol était particulière­ment pauvre en sélénium. La preuve - il y en a eu bien d'autres depuis - que le sélénium est un nutriment essentiel pour la santé.

Un oligo-élément essentiel

Le sélénium est indispensable à l'action de la glutathion peroxydase, une enzyme de protection de la cellule contre l'excès de radicaux libres (que l'on nomme stress oxydant). Rappelons que la production des radicaux libres est un processus physiologique - autrement dit normal - et utile. Cependant, lorsqu'elle devient excessive - les radicaux libres altèrent alors l'intégrité des cellules et peuvent même les détruire - elle est à l'origine du vieillissement des tissus et de nombreux processus pathologiques.

Pour neutraliser les radicaux libres en excès, l'organisme dispose de systèmes de défense et de protection. En particu­lier la glutathion peroxydase dont l'ac­tivité est directement liée à une pré­sence suffisante de sélénium.

De plus, on sait aujourd'hui qu'un apport spécifique de sélénium dans des périodes à risque peut constituer un appoint thérapeutique.

Son rôle physiologique

On l'a vu, une déficience, même modé­rée, en sélénium, entraîne une dimi­nution d'activité de cette fameuse glutathion peroxydase, et donc une augmentation de celle, néfaste, des radicaux libres en excès.

En outre, dans certaines situations maladies chroniques (inflammatoires ou dégénératives), épisodes infectieux, stress traumatique... l'organisme consomme davantage de sélénium, créant alors un état de déficit.

Des carences en sélénium peuvent donc apparaître soit par insuffisance d'ap­ports, soit par accroissement des besoins de l'organisme. Elles peuvent aggraver des situations pathologiques, occasion­ner des troubles musculaires, hémato­logiques, neurologiques, ou prédisposer à des affections comme les maladies cardiovasculaires et le cancer.

Ses indications thérapeutiques

Le bénéfice des apports en sélénium concerne les pathologies dans lesquelles sont impliqués directement ou indirec­tement les radicaux libres, et se manifestent donc dans de nombreux domaines de la santé humaine. Si les maladies cardiovasculaires en sont l'exemple le plus significatif, bien d'autres maladies naissent ou sont aggravées par l'augmentation des radi­caux libres: les maladies inflamma­toires du tube digestif ou d'origine auto-immune (arthrite rhumatoïde par exemple), l'alcoolisme, la cataracte, les maladies de peau induites par les radia­tions solaires, l'infarctus du myocarde et, bien entendu, le vieillissement.

La carence en sélénium peut également être à l'origine d'états d'asthénie et de fatigue ou de trouble immunitaire. Les applications thérapeutiques du sélénium sont nombreuses et méritent un développement détaillé: un article leur sera consacré dans notre prochain numéro (n° 200) avec la présentation des études cliniques qui les soutiennent.

 

DES APPORTS LIMITE

En France, les apports en sélénium de la population, en moyenne 60 µg par jour, sont à la limite inférieure des apports recommandés (entre 50 et 200 µg), et donc insuffisants pour optimiser l'activité enzymatique de la glutathion peroxydase.

 

 

MÉMENTO PRATIQUE

1000 µg de sélénium par jour pendant 2 mois rétablit toutes les activités enzymatiques glutathion peroxydases tissulaires dans des situations pathologiques

- un effet maintenu environ 30 jours après l'arrêt et sans toxicité hépatique, rénale ou cardiaque à ces doses. Faire des cures de 2 mois suivies de 1 mois d'arrêt paraît donc souhaitable. L'association avec des antioxydants complémentaires (vitamines E et C, bêtacarotène, cuivre, zinc, manganèse) est possible si l'on observe une prise séparée décalée dans le temps pour ne pas nuire à l'assimilation du sélénium qu'il vaut mieux prendre seul et loin des repas.

 

Camille Longchamp (Bien être et Santé)

* C'est sa coenzyme: partie non protéique de certaines enzymes, en général un oligo-élément ou une vitamine.