Sida : Premiers résultats encourageants de la vaccinothérapie
Les résultats préliminaires obtenus, en France, par des vaccins thérapeutiques antisida sont encourageants. Mais attention, il ne s’agit pas de vaccins "curatifs", en clair qui guérissent, comme on a pu le lire récemment. Pas d'optimisme excessif. Le sida reste une maladie mortelle.
A la mi-février, les titres de certains journaux ont pu faire penser qu'un vaccin "curatif' contre le sida pourrait être bientôt disponible. Ces effets d'annonce peuvent avoir des conséquences catastrophiques. Ils suscitent de faux espoirs chez les malades et ils risquent d'encourager des pratiques sexuelles à risque (non protégées).
Des résultats préliminaires :
Qu'a dit exactement le directeur de l'Agence nationale française de recherche sur le sida (ANRS), le Pr Michel Kazatchkine, à la l0e Conférence américaine sur les rétrovirus de Boston? Il a présenté, avec la prudence qui s'impose, les résultats "encourageants" (sur un an) de deux essais de vaccinothérapie, réalisés chez des personnes séropositives.
Au moment de commencer l'essai, les patients recevaient déjà une multithérapie antirétrovirale depuis au moins un an; ils avaient, grâce à ces traitements, une charge virale indétectable (c'est à dire très basse) et des lymphocytes T CD4 au-dessus de 350 ou 400/mm3. Ces chiffres indiquent que les malades avaient pu ainsi contrôler la réplication du virus dans leur organisme sans pour autant en venir à bout complètement. À ce jour, aucun traitement ne permet, en effet, de "tuer" le VIH.
Objectif: Renforcer l'immunité.
Dans ces deux études françaises (Vaccil-2 et Vacciter), coordonnées par le Pr Yves Lévy (hôpital Henri-Mondor, Créteil) et le Pr Christine Katlama (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris), il s'agissait de savoir si la vaccinothérapie pouvait renforcer et rééduquer le système immunitaire des séropositifs pour que leur organisme lutte efficacement contre le virus du sida (VIH).
Dans la première étude, 70 patients ont, après tirage au sort, soit continué de prendre leur traitement antirétroviral, soit reçu en plus de leur traitement, deux préparations vaccinales (4 injections à 4 semaines d'intervalle), puis 3 cures d'interleukine-2 (une substance qui élève le nombre de CD4). Après 9 mois de traitement, tous les patients (des deux groupes) chez qui la charge virale était restée basse (91 %) ont arrêté tout traitement. Après 3 mois d'interruption, 24 des patients vaccinés ont pu continuer de ne pas être traités, contre seulement 5 de ceux qui n'avaient pas reçu la vaccinothérapie. Les autres ont dû reprendre une trithérapie. Autrement dit, un quart des vaccinés ont pu rester sans aucun traitement pendant un an.
Une alternative aux trithérapies
Cette différence et le plus grand nombre de réponses immunitaires observées sous vaccinothérapie sont évidemment porteurs d'espoir. D'autant que les résultats du second essai, réalisé chez 48 personnes, vont dans le même sens. Les premiers résultats d'un troisième essai, mené chez des séropositifs traités précocement par multithérapie à l'hôpital de Bicêtre (sous la conduite du Dr Cécile Goujard), seront connus dans les prochains mois.
Si ces premiers résultats positifs se confirmaient, ce "candidat vaccin" pourrait permettre aux séropositifs d'interrompre, pendant des durées plus ou moins longues, les trithérapies, souvent mal tolérées. Ce serait déjà énorme, mais, répétons-le, il ne s'agit pas d'un vaccin qui guérit la maladie...
Qu'est ce que la vaccinothérapie :
Les préparations vaccinales testées par les équipes françaises chez des personnes infectées par le VIH sont les mêmes que celles administrées à des personnes séronégatives dans les essais de vaccin préventif de l'ANRS. Mais dans un cas, il s'agit de restaurer l'immunité chez des patients contaminés pour lutter contre le virus: c'est la vaccinothérapie (ou immunothérapie vaccinale). Dans l'autre, il s'agit de tenter de prévenir l'infection.
Bernard Braun Pharmacien (Bien être et Santé)