-Bacillus anthracis (Bactéridie charbonneuse ou bacille de Davaine)
-EPIDEMIOLOGIE DU CHARBON

Bacillus anthracis (Bactéridie charbonneuse ou bacille de Davaine)

Gros bacille Gram +, rectiligne de 3 à 10 x 1 à 1.3 um aux extrémités carrées. Immobile, capsulé, sporulé. Isolé ou groupé en chaînette : aspect de tige de bambou. Amidon +, glucose +, caséine +, gélatine +, réduit irrégulièrement les nitrates en nitrites, oxydase + (D'après BACTERIOLOGIE SYSTEMATIQUE I il ne possède pas d'oxydase), catalase +.
La capsule, de nature polypeptidique (polymère de l'acide D glutamique), est responsable de la virulence du germe. La spore est ovoïde, non déformante, centrale. Les bacilles ne sporulent pas dans l'organisme. Les spores apparaissent dans certaines conditions : présence d'O2 libre, température comprise entre 20 et 40°C (la sporulation est inhibée à 42°C).
Le germe est fragile mais sa spore est résistante à la chaleur (thermorésistance de 10 min à 95°C) au vieillissement (survie de nombreuses années dans le sol). Il ne peut se développer en présence de certaines bactéries telles bacilles pyocyaniques, colibacilles. Celles-ci élaborent des substances bactéricides appelées pyocyanase pour Pseudomonas.

EPIDEMIOLOGIE DU CHARBON
En 1863 DAVAINE découvre le germe. En 1876 KOCH observe le phénomène de la sporulation. Entre 1877 et 1881 PASTEUR et ses collaborateurs étudient l'épidémiologie de la maladie, le rôle pathogène du bacille, et mettent au point la vaccination anticharbonneuse.
Le charbon est une infection actuellement rare mais longtemps redoutée (troupeaux décimés en quelques jours). C'est avant tout une maladie vétérinaire, susceptible d'être transmise à l'homme.
Le charbon animal atteint essentiellement les herbivores domestiques (moutons, chèvres, bovidés). Ils se contaminent en mangeant de l'herbe, du fourrage ou de la farine de viande souillés par des spores charbonneuses. Celles-ci, à la faveur d'une lésion buccale, pénètrent dans le sang et y germent. Elles déclenchent une septicémie très rapidement mortelle. L'évolution de la maladie se traduit par de la fièvre, un oedème sanguinolent du pharynx, un noircissement du sang.
Le charbon humain peut s'infecter au contact d'animaux malades mais surtout en manipulant leurs dépouilles ou les produits dérivés. Le charbon est une maladie professionnelle des éleveurs, vétérinaires, tanneurs. Le germe pénètre dans l'organisme par voie cutanée à la faveur d'une lésion, il reste d'abord localisé au niveau de la porte d'entrée déterminant la formation d'une pustule maligne, il n'envahit que secondairement la circulation sanguine, en l'absence de tout traitement.
La toxine charbonneuse est une protéine soluble, libérée au cours de la croissance : exotoxine. Les spores survivent dans le sol où l'on a enfoui les cadavres d'animaux contaminés (rôle des vers de terre dans les champs maudits), sur les peaux, laines, crins, etc...
Le diagnostic bactériologique est fait chez l'animal par un prélèvement de sang, de salive et de viscères, chez l'homme par un prélèvement de sérosité de la pustule ou du sang (hémoculture).
Le traitement de la maladie repose sur l'emploi précoce d'antibiotiques. La pénicilline est l'antibiotique de choix.
La prévention est réalisée par la vaccination des troupeaux. Le vaccin anticharbonneux est un vaccin vivant, il correspond à une souche sporulée de virulence atténuée. Le premier vaccin mis au point par Pasteur fut obtenu en laissant vieillir une culture pendant 20 jours à 42.5°C puis en la faisant sporuler à 37°C.
Une épidémie d'anthrax été rapportée le 18 avril 1997 d'un village dans le Ghana (district de Bolgatanga), faisant 185 victimes dont 26 morts. La cause en était la consommation de bétail contaminé.