GRIPPE SAISONNIÈRE : ÉVITEZ-LA EN DEMANDANT CONSEIL À VOTRE PHARMACIEN

PARIS, 19 septembre (APM Santé) - Le vaccin contre la grippe sera disponible dans les pharmacies dès le 12 octobre prochain. Se faire vacciner représente le moyen le plus sûr pour échapper à l'épidémie hivernale, rappelle l'OMS qui consacre un dossier complet sur la grippe, en plaçant le pharmacien au coeur de la prévention.

Mais d'autres mesures doivent être prises pour éviter la propagation du virus. Lesquelles ? Comment distinguer une "vraie grippe" d'un rhume et la juguler rapidement ? Jusqu'à quel point est-il possible de pratiquer l'automédication ?...

Autant de questions auxquelles votre pharmacien sait répondre, car il est le professionnel de santé le plus proche de votre domicile, le plus accessible et il vous connaît bien. Il vous conseillera de façon rapide, pratique et personnalisée.

Voir suite...


LA GRIPPE CLASSIQUE, UNE MALADIE BANALE ?

La population a tremblé l'an dernier devant le risque de grippe aviaire. En comparaison, la grippe saisonnière peut aujourd'hui sembler banale. Or ce serait une grave erreur car, sous son apparence bénigne, celle-ci frappe chaque hiver des millions de personnes qu'elle épuise durant quelques jours à quelques semaines.

Mais surtout, la grippe reste la première cause de mortalité par maladie infectieuse en France et dans le monde : on estime à 7.500 le nombre de décès par an en France chez les plus de 75 ans (selon la Direction Générale de la Santé). En effet, la grippe s'avère dangereuse lorsqu'elle touche des personnes âgées, celles qui souffrent d'une maladie chronique ou encore d'un déficit immunitaire (hépatites, polyarthrite rhumatoïde, sida, malades sous chimiothérapie ou sous corticothérapie au long cours, personnes greffées...).

Chez ces malades, la grippe peut provoquer de graves complications comme une atteinte respiratoire (pneumonie), une surinfection ou décompenser une maladie préexistante (asthme, diabète, insuffisance cardiaque...). Or, ces complications représentent autant de risques mortels.

LE VACCIN EFFICACE À 100% ?

Le vaccin représente la meilleure prévention possible pour les personnes âgées, notamment à partir de 65 ans, et pour toutes celles qui souffrent d'une maladie au long cours.

Il est donc regrettable que des personnes à risque n'aient pas le réflexe de la vaccination. C'est le cas notamment de nombreux jeunes seniors (65 à 69 ans) qui se sentent en forme, ainsi que de ceux qui doutent de l'efficacité du vaccin anti-grippal. Certes, le vaccin permet aux uns de passer au travers d'une épidémie de grippe, tandis que d'autres, vaccinés, "l'attrapent" quand même.

En effet, à l'inverse des bactéries qui sont stables et contre lesquels existent des vaccins très efficaces (diphtérie, coqueluche...), les virus sont instables : ils varient sans cesse de façon plus ou moins importante. Pour cette raison, les scientifiques doivent fabriquer de nouveaux vaccins chaque année et les personnes fragiles ont intérêt à se faire vacciner avant chaque hiver. Ensuite, parce que nous ne sommes pas égaux face aux virus en général et à celui de la grippe en particulier.

Nos défenses immunitaires baissent avec l'âge et se fragilisent davantage si nous souffrons d'une maladie chronique. Dans ces conditions de vulnérabilité, si le vaccin antigrippal ne protège pas complètement, il réduit considérablement ses effets néfastes et évite aux personnes fragiles bon nombre de complications graves, voire mortelles.

QUAND SE FAIRE VACCINER ?

Il faut compter 15 jours après l'injection du vaccin pour que l'organisme fabrique des anticorps contre le virus. D'où l'intérêt de se faire vacciner avant fin octobre. Si vous avez plus de 65 ans ou êtes atteints d'une affection de longue durée, il est fortement recommandé de se faire vacciner. Votre Caisse d'Assurance Maladie vous adressera un formulaire à présenter à votre médecin puis à votre pharmacien, pour obtenir la prise en charge de votre vaccin.

Mise à part une éventuelle réaction locale au point d'injection, sous forme de léger gonflement, le vaccin anti-grippal est parfaitement bien supporté.

Cependant, il existe une contre-indication extrêmement rare pour les personnes souffrant d'une allergie aux protéines de l'œuf, car pour la fabrication des vaccins, des embryons d'œufs sont utilisés.

NE PAS CONFONDRE GRIPPE ET RHUME

Il ne faut pas confondre grippe et rhume. Au contraire d'un rhume ou d'un autre virus qui rend "patraque", fait éternuer depuis deux-trois jours et s'accompagne d'une fièvre modérée, la grippe se caractérise par une atteinte brutale des voies respiratoires (nez, gorge et/ou bronches). Elle s'accompagne en général de frissons, d'une forte fièvre, de maux de tête, de douleurs musculaires ou abdominales, de courbatures, avec parfois une toux sèche rebelle et le plus souvent une grande fatigue qui vous cloue au lit !

Si la grippe ne se complique pas, les symptômes s'estompent en cinq à six jours. Mais elle peut être suivie d'une période de grande fatigue qui peut durer plusieurs semaines.

Comment réagir dès les premiers symptômes ?

Le traitement de la grippe est simple : vous pouvez utiliser le paracétamol pour faire baisser la fièvre et calmer douleurs et courbatures et de la vitamine C pour lutter contre la fatigue. Votre pharmacien vous conseillera de prendre ce traitement dès le début des symptômes et, selon vos besoins, vous suggérera un décongestionnant nasal et/ou un antitussif pour toux sèche rebelle. Il vous recommandera d'aller consulter votre médecin mais aussi de boire abondamment et de vous re-po-ser ! Rien ne sert en effet de traîner ou de forcer pour vaquer à vos occupations habituelles, vous risquez de vous fatiguer davantage et surtout de faciliter la propagation du virus autour de vous.

Les personnes âgées ou souffrant d'une maladie chronique qui n'ont pas été vaccinées contre la grippe doivent absolument consulter leur médecin rapidement après l'apparition des premiers symptômes grippaux pour prévenir toute complication. D'autre part, de plus en plus de personnes ont compris que les antibiotiques étaient sans effet contre la grippe, sauf en cas de surinfection bactérienne. Dans ce cas, seul le médecin peut décider de leur prescription.

COMMENT UTILISER LES ANTIVIRAUX ?

Quand une épidémie de grippe sévit, certains s'affolent en voyant les cas se multiplier autour d'eux : ils ne se sont pas fait vacciner et pour eux, il n'est pas question de s'arrêter de travailler. Dans ce cas, on peut avoir recours à titre préventif ou curatif aux traitements anti-grippaux spécifiques.

Ceux-ci existent depuis 1998. Ils sont délivrés uniquement sur ordonnance et doivent bien être utilisés : - à titre préventif dans les 48 heures après un contact avec une personne souffrant de la grippe ; - à titre curatif, dans les 48 heures qui suivent les premiers symptômes. - pour éviter les complications de la grippe chez une personne fragile ayant reçu un vaccin antigrippal, mais ayant quand même développé la maladie.

Dans tous les cas, ce traitement doit être suivi pendant cinq à sept jours pour être efficace.

Votre pharmacien vous rappellera que le risque de pandémie de grippe aviaire ne justifie absolument pas un achat de précaution de ces antiviraux.

COMMENT EMPÊCHER LA PROPAGATION DU VIRUS ?

Les virus respiratoires responsables de la grippe, mais également du rhume, de la bronchite ou de la bronchiolite se transmettent par les postillons, les éternuements, la toux, la salive lorsqu'on embrasse quelqu'un et, on l'oublie trop souvent, par les mains.

Une bonne hygiène quotidienne permet de limiter les risques d'infection : - se laver les mains plusieurs fois par jour avec du savon durant 30 secondes après avoir éternué, toussé ou s'être mouché, avant et après chaque repas, après chaque sortie en retournant à son domicile, après être allé aux toilettes ; - utiliser des mouchoirs en papier à jeter ensuite dans une poubelle ; - éviter d'embrasser une personne grippée, porter un masque "chirurgical" quand on est soi-même grippé. Changer de masque toutes les 4 heures ou lorsqu'il est mouillé.

Le virus de la grippe est d'autant plus facile à "attraper" que nous vivons en hiver dans des atmosphères confinées. A la maison ou au bureau, on peut assainir l'atmosphère en aérant régulièrement.

COMMENT SE FABRIQUE LE VACCIN CONTRE LA GRIPPE ?

Le principe de fabrication du vaccin est demeuré pratiquement inchangé depuis les années 1930. Il consiste à inoculer le virus dans des œufs de poule embryonnés. Le problème est que le virus change en permanence, il faut donc anticiper !

Pour cela, les virus de la grippe sont collectés par 110 sites de surveillance répartis dans le monde entier. Chaque année au mois de février, l'OMS sélectionne 3 souches qui semblent devoir être les principales responsables des grippes de la saison à venir (novembre à mars dans l'hémisphère nord). Les souches pour l'hémisphère sud sont choisies en septembre.

La production des vaccins commence en juin afin d'être prête pour l'automne. Après incubation, le virus est récolté et le liquide est purifié. Afin de pallier les inconvénients de ce processus, long et complexe, une nouvelle technique de production a été mise au point : la culture cellulaire. Celle-ci permettra de se passer des œufs embryonnés et donc de diminuer les risques d'allergie. Autre avantage : la production passera de deux à trois semaines, au lieu de quatre semaines.

En France, le pharmacien occupe une place très importante dans la fabrication des vaccins car toutes les étapes industrielles dites "pharmaceutiques" sont sous sa responsabilité. Par exemple, c'est lui qui supervise la fabrication, qui contrôle la qualité des lots, qui autorise leur libération et engage sa responsabilité en cas de problème. Le pharmacien est donc présent à tous les chaînons du médicament pour une qualité et une sécurité irréprochables !

QUELLE DIFFÉRENCE ENTRE GRIPPE AVIAIRE ET GRIPPE SAISONNIÈRE ?

La grippe aviaire est une maladie infectieuse animale qui touche à l'origine toutes les espèces d'oiseaux sauvages ou domestiques. Dans certains cas très spécifiques, elle peut aussi affecter d'autres espèces animales, comme les porcs, les fouines, les félidés et même l'homme. C'est le cas pour le virus H5N1. Heureusement celui-ci est beaucoup moins contagieux que la grippe saisonnière (moins de 300 cas d'infection humaine déclarés à ce jour).

Cependant selon les virologues, les deux virus seraient assez proches pour échanger du matériel génétique. C'est ce qu'ils appellent le réassortiment. Ainsi, si un virus de la grippe aviaire et un virus de la grippe saisonnière infectent simultanément une même cellule (humaine ou de porc), un virus hybride pourrait apparaître, "s'adapter" plus facilement à l'espèce humaine et ouvrir la porte à une transmission interhumaine voir une pandémie. Les pouvoirs publics mettent tout en œuvre pour éviter un tel scénario catastrophe.

QUELQUES CHIFFRES

Une épidémie de grippe touche entre 5 et 15% de la population, suivant la virulence du virus. Selon l'Institut de veille sanitaire (InVS), la mortalité annuelle moyenne attribuable à la grippe chez les sujets de plus de 75 ans, serait de l'ordre de 7.500 (ce chiffre a été calculé sur les années 1980-1990).

Dans le monde, selon l'OMS, seraient recensés entre 3 et 5 millions de cas graves et entre 250 et 500.000 décès par an au cours des épidémies saisonnières.

Pour la saison 2004-2005, la couverture vaccinale a été de 62,5 % pour les personnes bénéficiant de la prise en charge du vaccin anti-grippal. Si elle s'est révélée correcte chez les plus de 70 ans (70,8 %), elle reste insuffisante chez les jeunes seniors puisque seulement 45,5 % des 65-69 ans se sont fait vacciner.

Elle s'avère également insuffisante chez les personnes de moins de 65 ans atteintes d'une affection de longue durée dont seulement 51 % se sont fait vacciner contre la grippe en 2004, selon les Groupes régionaux d'observation de la grippe.

 

nouvelles au 16/10/2007

GRIPPE SAISONNIERE/ 2006-2007

2,2 MILLIONS DE PERSONNES TOUCHEES

 

La grippe saisonnière pourrait toucher 2,2 millions de personnes en 2006-2007, selon les prévisions du réseau Sentinelles de l'Inserm.


La modélisation donne 2,2 millions de cas avec une fourchette allant de 1,3 million à 3 million de cas, a précisé jeudi le Pr Antoine Flahault, du réseau Sentinelles, au cours d'une conférence de presse organisée par le Groupe d'études et d'information sur la grippe (GEIG), financé par les fabricants et les distributeurs en France de vaccins contre la grippe.


Les prévisions ont été basées sur les hypothèses de co-circulation de virus B et de A(H3N2) et d'un point de vue climatologique d'El nino modéré.


Le Pr Flahault a invité à prendre ces chiffres avec prudence, dans la mesure où 1,6 millions de personnes ont été touchées par la grippe l'année dernière en 2005-2006, alors que les prévisions faisaient état de 3,2 millions de cas.


Le spécialiste explique dans le dossier de presse que l'hypothèse d'une circulation du virus A(H3N2) avait été faite, mais que lors de l'épidémie, il y avait eu une co-circulation du virus B avec le virus A(H1N1), dont on connaît le rôle de frein sur la taille épidémique.