Vieillissement oculaire...
comment sauver sa vue ?

Vous abordez la cinquantaine et votre vue baisse, elle devient un peu floue. Normal pensez vous, c'est l'âge! Soyez vigilant, des pathologies liées au vieillissement oculaire peuvent menacer votre vision, et vous risquez de passer rapidement du brouillard aux ténèbres.
Les causes de malvoyance augmentent avec l'âge et en l'absence de traitement, elles peuvent conduire à la cécité. À partir de la cinquantaine, la sagesse est de consulter sans tarder, dès la moindre gêne visuelle. N'hésitez pas à en parler à votre pharmacien; il vous indiquera les troubles à surveiller et vous fera quelques recommandations pour vous aider... à y voir plus clair.



Des demi-lunes sur te bout du nez
La presbytie est une marque du temps inéluctable. Elle survient en général entre 40 et 50 ans; les premiers signes sont discrets et progressifs et vous allongez d'abord les bras avant de vous résoudre à chausser de petites lunettes. Il s'agit d'un phénomène physiologique normal: avec l'âge, l'élasticité et le pouvoir d'accommodation du cristallin diminuent. Vous avez du mal à voir de près mais vous voyez à la perfection les objets éloignés. Les rayons lumineux se focalisent derrière la rétine plutôt que dessus, et ce défaut de vision nécessite le port de verres correcteurs convexes "plus". Outre le fait qu'il souligne le nombre de bougies sur le gâteau d'anniversaire, ce trouble visuel n'est pas toujours agréable à vivre au quotidien. Comble de malchance, vous cumulez des problèmes de myopie et vous ne supportez pas les verres progressifs, permettant de bien voir à la fois de loin et de près ? Alors vous êtes condamné à jongler en permanence avec plusieurs paires de lunettes.
Une impression de voile et de brouillard
Comme la presbytie, la cataracte (sénile) est due au vieillissement du cristallin, bien qu'il n'y ait aucun lien direct entre ces deux pathologies. La cataracte résulte, elle, de l'usure du cristallin qui s'opacifie et perd ses propriétés optiques. Votre vue s'obscurcit et vous constatez une baisse progressive de l'acuité visuelle pour la vision éloignée et rapprochée. En même temps, vous éprouvez une impression de voile et de brouillard et un éblouissement à la lumière. Au début, un seul oeil est concerné, le second est touché plus tard. Ne négligez pas ces symptômes car une cataracte mal soignée peut conduire à la cécité. Les traitements sont locaux (collyres) mais il ne s'agit que de solutions d'appoint qui ne peuvent ni empêcher ni même retarder la pose d'un implant. Ils sont contraignants et difficiles à observer: instiller plusieurs fois par jour et pendant des années des gouttes de collyre n'est pas franchement pratique! Votre pharmacien peut vous renseigner sur la conduite du traitement et ses modalités d'administration. Il vous expliquera comment ouvrir certains flacons ou unidoses. Il vous montrera les bons gestes pour une instillation efficace. Il vous mettra en garde contre les facteurs susceptibles d'accélérer le processus de la cataracte, comme l'exposition solaire sans protection suffisante, une consommation alcoolo­tabagique, un diabète...
Le voleur silencieux de la vue
Le glaucome est la deuxième cause de cécité après la cataracte. On estime que près de 67 millions de personnes dans le monde en sont atteintes. De la même façon qu'il existe une pression artérielle, il existe une pression intra­oculaire (PIO). Dans le glaucome, la PIO s'emballe et le déficit visuel peut survenir très rapidement. Le glaucome se caractérise par une atrophie du nerf optique ( qui transmet les images visuelles au cerveau) et une diminution du champ visuel. Malheureusement, vous n'avez pas conscience de votre maladie et aucun symptôme ne vous prévient du danger. Alors que faire avant que la perte visuelle s'installe ? La détection et le traitement précoces sont la meilleure façon de contrôler la maladie. En fait, il existe deux types de glaucome: le glaucome dit à angle ouvert, le plus courant, dont l'installation est progressive, et le glaucome à angle fermé dont la survenue douloureuse, brutale et souvent irréversible, constitue une urgence médicale.
Comment détecter et agir?
Que se passe-t-il exactement dans le glaucome à angle ouvert? L'humeur aqueuse est un liquide qui irrigue notre oeil en permanence. Elle gagne la circulation sanguine en s'écoulant au travers d'un filtre complexe, appelé trabéculum, qui est un véritable système de drainage de l'oeil. Avec l'âge, le trabéculum devient moins performant, il peut même se boucher progressivement; l'humeur aqueuse s'accumule alors dans l'œil et la PIO s'élève lentement. Processus évolutif sournois car votre vision centrale reste intacte jusqu'au stade final de la maladie, et vous n'éprouvez aucun symptôme douloureux ou gênant. Vous êtes plus directement concerné par le glaucome si vous êtes âgé de plus dé 60 ans, si vous souffrez de diabète ou de forte myopie, ou encore si vous avez des antécédents familiaux. Prenez les devants et faites un bilan en consultant votre ophtalmologiste. Le diagnostic est facile, rapide et parfaitement indolore. La PIO est mesurée en millimètre de mercure (mm Hg), à l'aide d'un instrument appelé tonomètre; elle est considérée comme normale entre 12 et 21 mm Hg (inclus) - attention, il ne faut pas confondre pression artérielle et PIO Les traitements actuels visent à abaisser la PIO et à la maintenir au-dessous de 20 mm Hg. Ils sont réalisés à l'aide de collyres et ne doivent jamais être interrompus. Vous ne devez pas dépasser le nombre d'instillations prescrit car les principes actifs contenus dans le collyre ne restent pas dans l'œil; ils passent dans la circulation générale avec leur cortège d'effets indésirables. Prudence: les collyres antiglaucomateux présentent de nombreuses contre-indications, même si ce mode d'administration semble anodin.
Les progrès de la chirurgie
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Votre cataracte ne s'améliore pas malgré les traitements quotidiens. Une solution chirurgicale peut vous être proposée lorsque la gêne visuelle devient invalidante. Le cristallin vieillissant est alors remplacé par un cristallin artificiel ou implant. Actuellement, l'anesthésie locale, réalisée avec un collyre, remplace de plus en plus souvent l'anesthésie générale. L'amélioration visuelle est rapide et la vision se stabilise en une dizaine de jours. L'hospitalisation est courte (de 24 à 48 heures) mais vous devez bien respecter les précautions post-opératoires pendant plusieurs jours: nettoyage oculaire quotidien, instillations de collyres pour prévenir l'infection et l'inflammation, protection contre les risques traumatiques (chocs, vibrations, frottements) et port d'une coquille rigide la nuit.
-Si vous souffrez d'un glaucome, vous pouvez avoir recours à des interventions chirurgicales au laser ou à la microchirurgie classique qui diminuent efficacement la PIO. Si le principe de base est simple et consiste à réaliser une ouverture au niveau du trabéculum pour permettre le passage et l'écoulement de l'humeur aqueuse, la réalité est plus complexe!
DMLA, réagir avant l'arrivée des "vagues"
La dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA) est l'une des causes majeures de cécité chez les personnes de plus de 70 ans, en France. Elle s'observe de plus en plus en raison de l'allongement de l'espérance de vie. La sensation permanente d'ondulation des lignes droites ( ligne d'écriture, plinthe, chambranle de porte... ) est le signe le plus caractéristique de la DMLA. A ce stade, le retentissement sur la vision est déjà important et va évoluer plus ou moins rapidement, en quelques mois ou années, vers une perte progressive du champ de vision central.
En pratique, si vous avez plus de 50 ou 60 ans et que vous constatez des anomalies telles qu'une sensation d'éclairage insuffisant, l'impression de lire des pages jaunies... testez votre vision régulièrement. La technique est simple: fermez alternativement l'oeil droit et l'oeil gauche, tout en regardant un écran de télévision ou d'ordinateur, par exemple. Les lignes droites sont-elles bien droites? Toute distorsion doit vous alarmer: consultez d'urgence un ophtalmologiste; il ne s'agit sûrement pas d'un mauvais réglage de votre poste! De même, si l'un de vos proches a des difficultés croissantes pour reconnaître un visage, conduire, lire, regarder la télévision, et s'il se plaint de voir des images floues et déformées, conseillez-lui de consulter un spécialiste.
Deux formes évolutives
Au début, aucun symptôme n'attire l'attention et seul un examen du fond de l'oeil met en évidence les premiers signes de la DMLA: de petites taches jaunes, les drusen, liées à l'accumulation de déchets au niveau de la rétine. L'évolution de la maladie, souvent rapide, se fait selon deux modes.
-La forme atrophique dite "sèche" est caractérisée par le remplacement des drusen par des plages d'atrophie de la rétine, au sein desquelles les cellules visuelles ont disparu, d'où un déficit visuel central de plus en plus marqué. Cette forme est aujourd'hui encore très difficile à traiter.
-La forme exsudative, dite "humide", est la conséquence de proliférations de néovaisseaux nés du lit nourricier de la rétine, la choroïde. Ces vaisseaux anormaux laissent diffuser le sérum et même le sang, sources d'oedème et d'hémorragies qui soulèvent, décollent et détruisent les tissus rétiniens, d'où une perte sévère et rapide de la vision. Ces néovaisseaux sous-rétiniens sont dits "visibles" (fortement actifs) ou "occultes" (peu actifs). Il existe deux approches thérapeutiques selon la situation de ces néovaisseaux par rapport à la fovéa, une petite dépression au centre de la macula, siège de la vision la plus précise.
La photocoagulation au laser détruit les néovaisseaux mais aussi les cellules visuelles placées en avant, ce qui constitue un inconvénient tolérable pour les néovaisseaux situés à distance de la fovéa (juxta ou extrafovéolaires).
La thérapie photodynamîque est mise en oeuvre lorsque les néovaisseaux sont situés derrière la fovéa (rétrofovéolaires) et à prédominance "visible". Cette technique consiste à injecter au niveau de la rétine un produit
photosensibilisant qui se fixe électivement sur les vaisseaux anormaux, puis à exposer la rétine à un laser qui provoque leur destruction sans que les cellules visuelles placées en avant de ces vaisseaux soient affectées. Depuis février 2001, ce produit, prescrit selon la procédure des médicaments d'exception, est remboursé à 100 % par la Sécurité sociale.
A quoi sert te fond d'œil?
Que peut bien voir et déceler l'ophtalmologiste lorsqu'il nous scrute au fond des yeux, et à quoi sert exactement cet examen? Quel mystère se cache derrière nos pupilles? Examen routinier pour l'ophtalmologiste, le fond d'oeil apporte des informations essentielles sur des maladies connues et fournit parfois des renseignements inattendus sur celles qui sont ignorées. Son objectif est de dépister et de contrôler des lésions rétiniennes en rapport avec des pathologies comme l'hypertension artérielle, le diabète ou les migraines... Les indications d'urgence sont représentées par toutes les baisses brutales d'acuité visuelle (glaucome aigu, décollement de rétine, occlusion rétinienne).
La technique de l'examen est simple, totalement indolore, et le résultat est immédiat dans la plupart des cas. En pratique, avant de procéder à l'examen, votre pupille est dilatée à l'aide de collyres adaptés. Un conseil: venez accompagné car votre vue sera trouble durant deux ou trois heures et vous ne pourrez pas reprendre le volant immédiatement.
Christine Nicolet "Bien être et Santé"


DU BON USAGE DES COLLYRES
Quelques recommandations de votre pharmacien
-lavez-vous les mains avant la manipulation d'un collyre;
-ne mettez pas l'extrémité du flacon en contact avec les paupières ou les cils;
-penchez la tête en arrière, écartez la paupière inférieure avec l'index et instillez les gouttes dans son creux;
-fermez la paupière et bougez l'oeil de haut en bas pour répartir la solution sur la surface oculaire;
-attendez quelques minutes entre l'instillation de deux collyres différents;
-respectez le temps de conservation après ouverture du flacon et notez la date de la première utilisation;
-privilégiez les uni doses à usage unique pour diminuer les risques de contamination et d'allergie grâce à l'absence de conservateur; ne réutilisez pas une dosette entamée;
-faites attention avec les collyres à libération prolongée (LP).Les instillations sont moins fréquentes et se limitent souvent à une seule par jour.

AYEZ L'ŒIL SUR VOS YEUX
Vous ne devez pas attendre d'avoir des problèmes de vue pour prendre soin de vos yeux. Bon à savoir.
-Les bains oculaires (à l'aide d'une compresse stérile, en lavage direct par jet ou à l'aide d'une oeillère ) améliorent le confort visuel.
-Dès les beaux jours, les lunettes de soleil et de plongée (mer, piscine) sont indispensables.
-Le port de lentilles de contact impose des précautions d'entretien strictes et le respect des contre­indications avec certains collyres.
-Les éclairages inadaptés fatiguent et abîment la vue.
-Bien hydrater son organisme, c'est aussi lutter contre le syndrome de l'oeil sec.
-Une alimentation enrichie en vitamines (A, E et C) et en antioxydants (sélénium) permet de lutter contre les processus de vieillissement oculaire.

VAINCRE LES MALADIES DE LA VUE
L'association Rétina France regroupe les malades atteints d'affections visuelles. Elle compte aujourd'hui 15 000 membres. Rétina France met à la disposition du public un numéro Azur:
0 810 30 20 50 (prix d'un appel local) pour répondre aux questions en rapport avec les maladies de la vue.